Tous les vendredis et les mardis, Joe O'Neill, qui se présente comme un prédicateur du Queens, «marche» devant le 51 Park Place, à deux rues de Ground Zero (lire aussi en page XIX). Il a une pancarte sur la poitrine : «La charia, la fatwa, le jihad : c'est ça la liberté de religion ?» Un passant vient le féliciter : «Bravo, l'Amérique a oublié que les musulmans décapitent nos soldats tous les jours en Afghanistan et en Irak.» Une femme, qui s'est arrêtée, s'indigne : «J'ai honte pour vous. N'importe qui a le droit de construire un lieu de prière n'importe où, même ici.» La discussion s'envenime et une policière est obligée de s'interposer.
«Réconciliation». Neuf ans après les attentats du 11 septembre 2001, la controverse sur la construction d'un centre islamique proche du site où s'élevaient les tours du World Trade Center a éclipsé les cérémonies à la mémoire des victimes qui se tiennent ce samedi. A quelques semaines des élections à mi-mandat, la polémique a fait irruption sur la scène nationale. Les Républicains ont attaqué Barack Obama pour avoir publiquement soutenu la construction de la mosquée. Le maire de New York, Michael Bloomberg, lui aussi favorable, a estimé «que c'était un test de tolérance pour l'Amérique et le symbole de la liberté de religion pour tous».
Le projet de mosquée, baptisé Cordoba House (1), a été initié par l'imam Feisal Abdul Rauf, un musulman soufi modéré qui travaille depuis plus de trente an