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Analyse

Erdogan, le grand pari du plébiscite

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Le Premier ministre turc a initié le référendum de dimanche sur la réforme de la Constitution héritée du régime militaire, cristallisant les tensions idéologiques.
publié le 11 septembre 2010 à 0h00

Trente ans jour pour jour après le coup d’Etat militaire du 12 septembre 1980, les Turcs iront aux urnes pour un référendum amendant 26 articles de la Constitution imposée alors par l’armée. Mais cette consultation s’est transformée en un plébiscite sur l’avenir politique du Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, et de l’AKP, le parti au pouvoir depuis 2002, issu du mouvement islamiste.

Bras de fer. Vu de l'extérieur, tout pourrait sembler simple et le oui l'emporter haut la main afin de continuer la démocratisation du pays. Ces 26 amendements, qu'il faut approuver ou rejeter en bloc, prévoient notamment de rendre plus difficile l'interdiction des partis, de limiter les pouvoirs des cours militaires, de permettre la syndicalisation des fonctionnaires, mais aussi de changer le mode de désignation des membres du Conseil constitutionnel et du Haut Conseil de la magistrature, en renforçant de fait l'exécutif et le parti au pouvoir. Bruxelles salue «un pas dans la bonne direction». Mais dans une société turque toujours plus polarisée, le référendum a encore durci le bras de fer entre les partisans de l'AKP et le camp laïc.

«Le choix est entre la démocratie et le maintien d'un régime de tutelle militaire», martèle le Premier ministre dans sa campagne à travers le pays. Il joue à fond sur les souvenirs de la dictature militaire de 1980, n'hésitant pas à lire, lors d'un meeting, la dernière lettre d'un jeune militant d'extrême droite, pendu à cette