Menu
Libération
Analyse

La stratégie gagnante d’Erdogan en Turquie

Article réservé aux abonnés
publié le 14 septembre 2010 à 0h00

Saluée par Bruxelles et Washington, la victoire sans appel du oui (58%) au référendum de dimanche amendant la Constitution héritée du coup d’Etat militaire de 1980 renforce considérablement les islamo-conservateurs de l’AKP, au pouvoir depuis 2002.

Ce que montre le vote.

Il y a une volonté de la majorité des Turcs de sortir du régime de tutelle militaire lié à la Constitution de 1982 et de poursuivre la démocratisation menant vers l’Europe. La principale force de l’opposition, le CHP laïc et de gauche, approuvait la majorité des amendements - limitation des cours militaires, libertés syndicales accrues pour les fonctionnaires, jugement des putschistes de 1980, etc. - en s’opposant à deux articles accroissant le contrôle de l’exécutif sur le Conseil constitutionnel et le Conseil supérieur de la magistrature. Mais il fallait approuver ou rejeter les amendements en bloc. Le scrutin, devenu un plébiscite pour ou contre le bilan du Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, montre un pays divisé entre pro et anti-AKP, mais aussi entre Turcs et Kurdes. Le BDP, principal parti kurde, a appelé au boycott. La participation nationale a été de 77%, mais très faible dans les zones à majorité kurde du sud-est, ne dépassant pas 7% dans certains districts.

Est-ce un tournant dans la démocratisation ?

L’Union européenne salue le résultat mais rappelle qu’il ne s’agit que d’un premier pas. L’AKP a préféré repeigner la Constitution plutôt que d’en élaborer une nouvelle par le dialogue et engager une réelle démocratisation garantissant les droits des minorités et l