Lundi, le jour même où Fidel Castro dénonçait la folie supposée de Nicolas Sarkozy, le gouvernement, présidé par son frère Raúl, annonçait de quoi réjouir idéologiquement le chef d'Etat français : la Centrale des travailleurs de Cuba (CTC) précisait que 500 000 emplois publics seraient supprimés dans le pays d'ici mars 2011. La mesure devrait s'appliquer «de manière graduelle et progressive», et, dans un pays où 95% des emplois sont publics, n'épargner aucun secteur. «Notre Etat, ajoute la CTC, ne peut pas et ne doit pas continuer à entretenir des entreprises et des effectifs dont les services sont en surnombre et où les pertes sont contre-productives.»
Depuis des mois, la maigre presse cubaine multipliait les reportages dénonçant les entreprises d’Etat inefficaces et les vols qui ne cessent de s’y commettre. La terminologie de la rigueur, dans un pays où rien n’est rigoureux, n’est pas nouvelle. Elle a été réactivée par Raúl Castro depuis qu’il a pris en 2006 la place de son frère, âgé de 84 ans.
Si l'annonce de la CTC est suivie d'effets, il s'agit d'une révolution dans la révolution, la plus importante symboliquement et économiquement depuis l'ouverture aux devises en 1993. Cette ouverture avait permis de sortir du tunnel de la «période spéciale», née de l'effondrement de l'URSS en 1991. La mesure annoncée par la CTC révèle l'état de crise profonde de la société et de l'économie cubaines, frappées par ricochet et de plein fouet par la cri