A23 heures pile, la connexion internet du cybercafé de Duc, à Hanoi, s’interrompt. Pour faire respecter les horaires légaux d’ouverture (6 heures-23 heures), les autorités vietnamiennes ont choisi, ces dernières semaines, une solution radicale : couper les lignes des cybercafés la nuit. En cause : l’abus de jeux en ligne violents. Depuis plusieurs mois, les journaux officiels relaient largement des histoires tragiques d’accros. Ici, un adolescent de 16 ans a assassiné son grand-père pour continuer à jouer avec son argent. Là, deux jeunes de 14 et 15 ans se seraient suicidés à la suite d’une réprimande de leurs parents à propos de leur addiction.
Fini les nuits blanches devant l'écran ? «Si le patron du cybercafé possède sa propre ligne, la nuit, il raccorde tous les ordinateurs à sa connexion privée», assure Than Song Toan, cadre chez VNG, le principal concepteur de jeux vidéo au Vietnam. C'est d'ailleurs l'astuce utilisée par Duc pour rester ouvert, «en général», jusqu'à minuit. «Les joueurs ne peuvent pas quitter leur partie à une heure fixe, sans quoi ils perdent le niveau atteint dans le jeu. On connaît les endroits qui baissent leur grille à 23 heures mais continuent de fonctionner derrière», témoigne Ha Trang, une collégienne de 14 ans, adepte de Boom, un jeu dans lequel elle tue des monstres avec des bombes. En ciblant les cybercafés, la croisade contre les jeux violents fait l'impasse sur les joueurs à domicile, de plus en plus nomb