Les Chinois l'appellent «la police politique». Chaque commissariat chinois abrite une unité très discrète de la Guobao (brigade de protection de la sécurité intérieure). Entre autres missions, la Guobao a celle de museler les opposants de l'Internet. Les agents de la Guobao déploient tout un éventail de méthodes de pression et d'intimidation à l'encontre des blogueurs et adeptes de Twitter qui critiquent peu ou prou le gouvernement. Leur arsenal va de la simple «invitation à boire le thé» à l'enlèvement, en passant par l'expulsion du logement, les coups, et peut culminer jusqu'à une forme de supplice de la baignoire. L'objectif de cette «sale guerre» est de convaincre l'internaute rétif de se tenir à carreau et, en quelque sorte, de lui éviter l'emprisonnement (1) qui résulterait de son entêtement.
Liu Shasha, une blogueuse de Pékin, en a fait l'amère expérience. Le 15 juillet, avec d'autres, elle appelle sur le réseau Twitter à déposer des couronnes mortuaires, le lendemain, devant l'immeuble du moteur de recherche Sohu. Un geste de protestation contre la suppression, cette semaine-là, par Sohu et sur ordre des autorités, de plus d'une centaine de blogs d'avocats, artistes, opposants et commentateurs. «Je voulais m'élever contre ces mesures illégales», explique-t-elle. Peu après, des policiers en civil se postent à l'entrée de son logement. «Ils voulaient sans doute me kidnapper, mais je ne suis pas sortie de la journée», poursuit Liu Shas