«Peur d'être seule. Peur d'avoir peur. Peur de mourir» : l'ex-otage des FARC, Ingrid Betancourt, raconte pour la première fois dans un livre bouleversant l'enfer vécu pendant six ans et demi dans la jungle colombienne, enchaînée, humiliée, battue et menacée de mort.
L'ancienne candidate à la présidence colombienne s'est retirée du monde pendant 18 mois pour écrire au stylo et en français ce récit intime de 700 pages intitulé Même le silence a une fin (Gallimard). Le livre sort mardi en France et dans une dizaine de pays dont la Colombie et les Etats-Unis.
Pourquoi le français ? Pour «garder une distance» et «faire remonter du fond abyssal de mes souvenirs un flot d'émotions incontrôlables», explique la Franco-colombienne.
Le récit débute par une scène terrible lors de l'une de ses cinq tentatives d'évasion. Les guérilleros la rattrapent. Ils ont ordre de la punir. Enchaînée par le cou, frappée et abusée sexuellement, elle raconte: «Je me sentais prise d'assaut, partant en convulsions (...) Mon corps et mon coeur restèrent gelés pendant le court espace d'une éternité».
«Mais je survivais», dit-elle, de retour dans la cage où elle est enfermée avec Clara Rojas, enlevée en même temps qu'elle. Le lecteur comprend aussitôt la détermination de la prisonnière.
Pas de règlement de comptes dans le livre de l'ancienne icône, portée aux nues puis éreintée par plusieurs compagnons d'infortune et la presse. Mais sa forte personnalité et la