«Il ne reste plus d'hommes bons ici, écrivait d'Afghanistan le soldat Adam Winfield, 22 ans, cet hiver à ses parents. Ça me ronge la conscience tous les jours.» Ni son père ni l'armée américaine n'ont su réagir à ses cris d'alerte. En mai, Adam Winfield aurait lui-même participé à l'un des meurtres de civils afghans qu'il avait tenté de dénoncer plus tôt. Au sein de son unité, déployée dans la région de Kandahar, un sergent avait formé un «escadron de la mort» qui tuait des civils afghans «pour le plaisir», dépeçait des cadavres et gardait des os en trophées.
Cinq soldats, dont Adam Winfield, ont été arrêtés et attendent maintenant leur procès pour l’assassinat de trois civils afghans. Sept autres soldats de leur unité d’infanterie sont poursuivis pour entrave à l’enquête, violences envers un camarade qui les avait dénoncés et consommation de haschisch.
Révélée en mai par l'armée, l'affaire commence tout juste à faire du bruit aux Etats-Unis. Comme cela avait déjà été le cas en 2004, lors des révélations sur les exactions de soldats américains à la prison d'Abou Ghraib en Irak, les médias y réfléchissent à deux fois avant de monter en épingle un sujet aussi dévastateur. Mais un procès militaire est prévu cet automne et la presse américaine ne peut non plus taire un tel scandale. Ces soldats, censés «conquérir les cœurs» en Afghanistan, ont peut-être déjà fait plus de mal à la cause américaine qu'un groupe de talibans, a mis en garde