Il y a trente ans, le 22 septembre 1980, le déclenchement de la guerre Iran-Irak remodelait durablement le paysage géopolitique dans la région du Golfe. Ce conflit, qui devait durer huit ans et faire près de 800 000 morts, allait également avoir des conséquences graves pour la sécurité des Français et mettre leur gouvernement dans le plus grand embarras. Celui-ci se retrouvait en effet devant un choix cornélien : comment préserver les ventes d’armes et la coopération industrielle et pétrolière avec l’Irak, sans rompre avec l’Iran ? Car Paris n’entendait pas lâcher Bagdad. Ses intérêts économiques et industriels y étaient trop importants. Tout avait commencé au début des années 1970, lorsque l’industrie pétrolière française avait conclu un accord très favorable avec les autorités irakiennes, après la nationalisation du pétrole irakien par Saddam Hussein. S’engouffrant dans la brèche, les industriels de l’armement avaient décroché des contrats mirifiques pour équiper à grands frais l’armée irakienne. Ils avaient été suivis par les industriels du BTP, mais surtout par ceux du secteur nucléaire qui avaient conclu avec l’Irak, en 1975, un contrat pour la fabrication de la centrale nucléaire Osirak.
A la veille de la guerre, plus de soixante-cinq entreprises françaises opéraient en Irak et dix mille techniciens français résidaient sur place. L’Irak était devenu le premier partenaire commercial de la France au Moyen-Orient et son deuxième fournisseur de pétrole. Pour certains journa