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Libération
Interview

«Les Farc n’ont pas conscience de ce qu’ils nous font vivre»

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Ingrid Betancourt revient sur sa vie d’otage, alors que paraît aujourd’hui son livre racontant sa captivité.
Ingrid Betancourt, former hostage of the FARC rebels, speaks during a news conference at the French embassy in Caracas December 9, 2008. REUTERS/Edwin Montilva (VENEZUELA) (REUTERS)
par Par Hector Abad Ecrivain colombien
publié le 21 septembre 2010 à 0h00

Du ciel à l’enfer et de l’enfer au ciel. Le monde a toujours été très tendre et très dur avec Ingrid Betancourt. Avec elle, pas de demi-teinte : on la considère un jour comme une sainte, le lendemain comme une harpie cupide. Elle représente à la fois la sorcière et la fée des contes d’enfants. L’opinion publique, cyclothymique, passe de l’amour à la haine et de la vénération au mépris. En ce moment, la période est dépressive : presque tout le monde la déteste. Sa dernière sortie, il y a deux mois, lorsqu’elle a porté plainte contre l’Etat pour réclamer 6 millions d’euros a été accueillie comme une démonstration d’avarice et d’ingratitude. Elle a beau avoir retiré sa plainte, on continue de la lui faire payer.

Après sa libération, elle est devenue une héroïne médiatique internationale. Traitée comme une Jeanne d'Arc moderne, dévote du rosaire et des Ave Maria, elle a été reçue en audience privée par le pape, a reçu la Légion d'honneur des mains de Nicolas Sarkozy, le prix Prince des Asturies et a été proposée pour leNobel de la paix. Elle a passé six ans dans l'enfer indéniable de la jungle amazonienne puis s'est retrouvée dans le ciel douteux des palais gouvernementaux. Mais, après avoir foulé de trop nombreux tapis rouges et dormi dans les résidences pour hôtes illustres de la moitié des gouvernements du monde, Ingrid Betancourt a décidé de se retirer de la scène et de s'enfermer dans une maison. Dans les montagnes enneigées, elle a écrit jour après jour et pendant