Ils ont exactement la même mèche grisonnante au milieu de leur chevelure noir corbeau et le même sourire qui s’étire plus à gauche qu’à droite. L’un pèse longuement ses mots et s’assoit le dos bien droit. Le second tombe la veste facilement, ponctue chacune de ses phrases de mouvements vifs des mains. David, plus littéraire, et Ed Miliband, plus matheux, respectivement 45 et 40 ans, sont frères et, sauf surprise extraordinaire, l’un d’entre eux sera samedi le nouveau dirigeant du parti du Labour.
Presque cinq mois après leur défaite aux élections et le départ de Gordon Brown, les travaillistes britanniques s’apprêtent en effet à accueillir leur nouveau leader. Et, contrairement à 1994 où la victoire de Tony Blair ne faisait aucun doute, l’issue du scrutin, à quelques jours de l’annonce du gagnant, n’est pas encore claire. Pourtant, sur les cinq candidats en lice - quatre hommes quadragénaires et une seule femme, noire, âgée de 57 ans, tous éduqués dans les mêmes prestigieuses universités, Oxford et Cambridge -, seul l’un des deux frères Miliband semble susceptible de remporter le vote. David Miliband, ancien ministre des Affaires étrangères, a été le premier à se lancer dans la course. Ancien disciple de Tony Blair, il a longtemps été perçu comme son héritier «naturel». Jusqu’à ce que son petit frère Ed, ancien secrétaire d’Etat à l’Energie et au changement climatique et proche de Gordon Brown, décide de lui faire de l’ombre et se lance dans la course. Les deux frères affirme