Haneen Zoabi, 41 ans, est l'une des 11 députés palestiniens (sur 120) à la Knesset israélienne, où elle représente le parti arabe Balad. Pour Libération, elle se prononce sur les pourparlers de paix en cours entre Israéliens et Palestiniens et la situation des Arabes israéliens.
Benyamin Nétanyahou insiste pour que l’Autorité palestinienne reconnaisse le caractère «juif» de l’Etat d’Israël. Cela vous inquiète ?
Cette notion d’«Etat juif» n’est pas un slogan, c’est une réalité quotidienne pour 1,2 million de Palestiniens habitant en Israël, qui vivent sous un régime d’apartheid sophistiqué. Je ne vois pas d’autre justification que légitimer la discrimination envers les Palestiniens d’Israël.
Craignez-vous que l’Autorité palestinienne cède sur ce point en échange d’un Etat ?
L’Autorité palestinienne est au courant de nos inquiétudes. Mais depuis les accords d’Oslo, nous sommes les grands oubliés de tout processus de paix. C’est comme si nous étions exclus du problème palestinien. Depuis quinze ans, on a délaissé la libération de l’ensemble du peuple palestinien au profit de la construction d’un Etat palestinien. Cette approche a échoué, il faut changer de perspective.
Vous parliez d’un apartheid sophistiqué. Sur quoi basez-vous ce constat ?
Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Les Palestiniens d'Israël forment 18% de la population, mais ne représentent que 7,8% des étudiants et 7% des fonctionnaires. La moitié d'entre eux vive