Staline est de retour à Zaporojié, une ville industrielle de l'est de l'Ukraine. Son buste, en taille réelle et recouvert d'une couche argentée, repose sur un socle d'un mètre de hauteur, orné de fleurs et flanqué de la flatteuse mention «Généralissime». La statue a été inaugurée début mai devant les nouveaux locaux du PC local. Depuis, la bataille fait rage entre les communistes, les vétérans à l'origine de ce projet, et les mouvements nationalistes ukrainiens. Le monument, attaqué à coups de pierres et de jets de peinture, est désormais gardé par d'imposantes grilles en fer, un système de vidéosurveillance et un gardien.
En dépit de la polémique, Evguéni Rechetnikov, combattant de la Seconde Guerre mondiale, est fier de voir réapparaître dans sa ville le visage de Staline. «Quand on montait au front, raconte-t-il, on le faisait pour la patrie, et pour Staline. Ce sont ces deux mots-là que nous criions en partant à l'attaque.» Alexeï Babourin, député communiste et ardent défenseur de la statue, argue que celle-ci a été installée dans une enceinte privée et dans une rue peu passante, à l'écart du centre de la ville. Un argument qui ne convainc pas les partisans de Notre Ukraine, le parti de l'ancien président pro-occidental Iouchtchenko. «Nous vivons dans un pays démocratique et chacun peut construire ce qu'il veut dans son jardin, estime Oleg Tkatchenko. Mais nous sommes là dans le cadre des lois morales. Pour nous, Staline es