v ous ne vous souvenez de rien ? C'est jour de contrôle aujourd'hui. Qui a révisé?» Un seul doigt se lève dans la classe de seconde D de ce lycée public de São Paulo. Fabíola Derani, la prof d'histoire, ne se laisse pas démonter. Malgré le brouhaha, elle tente de donner son cours sur l'Empire romain. Des élèves envoient des SMS mais d'autres s'intéressent à son exposé. Fabíola emploie un langage simple pour leur permettre de la suivre, car le déphasage scolaire est abyssal dans les classes de seconde et de première dont elle est en charge. «Ils ont des difficultés de compréhension, de vocabulaire et parfois même de lecture, raconte-t-elle. J'ai en moyenne trois illettrés par classe.»
«Miracles». L'éducation est le principal défi du Brésil et l'école publique, à laquelle sont condamnés les pauvres, est d'un piètre niveau. Fille d'un peintre carrossier, Fabíola, 32 ans, l'a fréquentée elle aussi. Diplômée en histoire et en histoire de l'art de la prestigieuse université de São Paulo, elle s'est hissée dans la petite classe moyenne. Son salaire : environ 900 euros, pour 40 cours hebdomadaires. C'est plus que la moyenne mais dans une ville comme São Paulo, Fabíola, même célibataire, doit «faire des miracles» pour vivre correctement. «Et puis, je suis coquette…» L'enseignante a bien essayé l'école privée, où elle aurait gagné près du double, mais elle s'est heurtée à la discrimination raciale. «Dès qu'ils m'ont vue, ils ont