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Portrait

4 / Pricilla, gardienne de la favela

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A la tête d’un bataillon de 117 hommes, la jeune major dirige l’Unité de police pacificatrice de Santa Marta, à Rio. Une police de proximité hyperréactive, mise en place il y a deux ans.
(Ludovic Carème)
publié le 28 septembre 2010 à 0h00

Emerson l’a échappé belle. La balle qui lui a déchiré la joue gauche a traversé l’oreille avant de ressortir. Sa blessure remonte à deux ans, alors que le policier intervenait contre les caïds du trafic de drogue qui tiennent sous leur coupe le complexe d’Alemao, un ensemble de 13 favelas très dangereuses des quartiers nord de Rio.

Aujourd'hui, Emerson a été muté à l'Unité de police pacificatrice (UPP) de Santa Marta, dans la zone sud. La favela s'accroche à flanc de «moro» (colline) sous les bras protecteurs du Christ rédempteur qui domine la ville. Quelque 10 000 personnes s'y entassent dans un entremêlement de venelles bordées de modestes habitations de brique rouge ou de simples cabanes de tôle et de bois.

Tout en haut, dans les tout récents locaux de l’UPP, la major Pricilla de Oliveira Azevedo commande les 117 hommes du détachement de la Police militaire de l’Etat de Rio (PMER) chargée du maintien de l’ordre à Santa Marta. Agée de 32 ans, cette belle métisse à la voix douce et au sourire charmeur a été choisie par sa hiérarchie pour diriger la première UPP mise en place par le gouvernement brésilien, il y a presque deux ans.

Saisies. «Avant, c'était très violent ici, remarque-t-elle dans son petit bureau de commandement. Le patron du gang qui officiait à Santa Marta habitait dans la favela et les truands n'hésitaient pas à tirer.» La reprise en main de l'espace public s'est déroulée selon un schéma appliqué avec succès par la su