C'est un cri, au milieu d'une ruelle-labyrinthe d'une favela du nord de São Paulo. «Eh ! Raí ! Ah, enfin un peu de beauté dans notre vie.» A travers les barreaux de leur baraque, deux filles interpellent la gravure de mode indémodable : Raí Souza Vieira de Oliveira. Qui joue, tout en pudeur et en retenue, le guidedans le ventre grouillant de la Vila Albertina, où sa fondation, Gol de Letra, lutte pour l'éducation et la santé des enfants. «20 000 personnes s'y entassent, souvent non répertoriées par l'administration», dit-il. Lui, l'ex-champion du monde 1994 privé de finale ; le capitaine glamour du PSG des années grandeur, le footeux qui a toujours manifesté son désir de sortir du rang (et qui l'a prouvé, fût-ce au détriment d'une certaine détestation d'ex-coéquipier). N'importe. Raí se pose là. Prend la pose et en impose. Ne serait-ce que par sa fondation, Gol de Letra, lancée il y a onze ans aux côtés de Leonardo, son ancien coéquipier au PSG. Pas une énième œuvre caritative de star en mal de devenir. Mais un vrai truc, chevillé au corps. Et qui tient, c'est facile, du ballon d'oxygène. «Ici, on aide plus de mille enfants, défavorisés mais déjà scolarisés, trois ou quatre heures par jours à développer leur propre talent : littérature, peinture, théâtre, musique», dit-il, en se farcissant le menu de la cantine du jour : salade limite, viande en sauce zarbi.
Les «oubliés». Le garçon n'a pas tort. Au Brésil, l'école, c'est une demi-j