Du haut de son 1,78 m, elle ne fait pas son âge. «Tu es sûre que tu n'as que 12 ans ?» demande, incrédule, le chasseur de mannequins Dilson Stein à la timide écolière. Thairine Garcia Santos n'a pas encore l'âge de travailler, 16 ans dans le métier. «Dommage, elle est fantastique !» s'exclame Stein, qui sait de quoi il parle. C'est lui qui a découvert l'une des plus belles filles du monde, la top-model brésilienne d'origine allemande, Gisele Bündchen. Comme «Gisele», l'écrasante majorité des mannequins brésiliens sont des Blanches aux yeux et aux cheveux clairs. Dans un pays où plus de la moitié de la population (50,6%) est noire ou métisse, les mannequins de couleur ne sont qu'une minorité. «Si le postérieur cambré à l'africaine a sa place dans l'imaginaire populaire, dans la mode et les médias, en revanche, les canons de beauté restent européens», note l'universitaire Jacques d'Adesky. Spécialiste de la question raciale, il y voit l'influence d'une «bourgeoisie presque exclusivement blanche».
Ascenseur. Teint diaphane, yeux bleus, chevelure blond vénitien, la gracile Thairine vient de Barão de Antonina, une petite ville de l'Etat de São Paulo colonisée par quatorze nationalités dont des Italiens, des Espagnols, des Allemands, des Russes ou encore des Roumains. Les agences de mannequins, venues faire leur marché parmi la centaine de candidates réunies par Stein dans un hôtel de São Paulo, n'ont d'yeux que pour elle. «N