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Portrait

8 / «Lula ne me manque pas»

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L’ex-conseiller du président, comme beaucoup d’acteurs de la société civile, a pris ses distances avec un chef d’Etat jugé compromis.
(Ludovic Carème)
par Christian Losson, Envoyé spécial à São Paulo
publié le 28 septembre 2010 à 0h00

Etre et avoir été. Etre déçu du lulisme. Et avoir été un de ses plus proches compagnons de route. Etre conscient de ce qui a été fait depuis huit ans. Avoir été persuadé que beaucoup plus aurait pu, dû, être accompli. Oded Grajew dit ainsi: «Lula, je ne l'ai plus vu depuis des années, il ne me manque pas.» L'homme dirige Nossa São Paulo (Notre São Paulo), une coalition protéiforme, «un réseau de 600 associations pour changer le quotidien de cette ville et lutter concrètement, contre des plaies, comme la pollution liée au diesel, qui tue 6000 habitants par an». Il est aussi président du conseil d'administration d'Ethos, un institut qui mobilise plus d'un millier d'entreprises (plus de 35% du PIB) sur la responsabilité sociale. Son bureau du quartier Pinheros, à São Paulo, tient de la fenêtre sur une partie de la mégapole sans fin, soixante fois plus immense que Paris. Ce natif «de Palestine en 1944», passé brièvement par l'université française, a les mots aussi tranchant que le regard acéré. «Le problème de Lula, ce n'est pas ce qu'il a réalisé conjoncturellement, c'est ce qu'il n'a pas réalisé structurellement», martèle-t-il.

Répulsion A 66 ans, Oded Grajew a pris ses distances avec le Parti des travailleurs, après en avoir assuré l'essor comme parti de gouvernement. «Entre 2002 et 2003, j'ai été le conseiller spécial de Lula, rappelle-t-il. Il m'avait proposé plein de postes, mais je voulais rester à São Paulo