Jusqu'où peut-on aller dans le dénigrement d'un parti «ouvertement populiste et xénophobe», selon les propos mêmes du Premier ministre, Fredrik Reinfeldt ? Les Suédois sont partagés sur la stratégie à suivre, depuis que le parti des Démocrates de Suède (DS, extrême droite) a fait son entrée au Parlement, le 19 septembre. Pendant la campagne, le parti n'a pas pu tenir un seul meeting sans que la police n'ait à intervenir pour disperser des manifestants. La chaîne publique TV4 a censuré son clip publicitaire, pour cause d'«incitation à la haine raciale». Et son chef de file, Jimmie Åkesson, a été systématiquement tenu à distance des plateaux de télévision.
Au soir des élections, le ministre des Affaires étrangères, Carl Bildt, a reconnu que la formation avait sans doute profité de «son statut de martyr». Car le DS excelle dans le registre de la victimisation. D'où le dilemme pour des millions de Suédois : faut-il débattre avec l'extrême droite, ou bien continuer d'en faire l'ennemi public numéro 1 ? La semaine dernière, plusieurs milliers de personnes ont manifesté contre le racisme, partout dans le pays. Le tabloïd Aftonbladet, reprenant la main de la campagne «Touche pas à mon pote», a lancé une pétition, qui a déjà attiré plus de 450 000 signataires, dont l'écrivain Henning Mankell, le co-fondateur d'Abba, Benny Andersson, des champions olympiques… Sur le Net, Facebook est devenu le point de rencontre des opposants aux Démocrates de Suède,