«Saudade.» Tout à la fois mélange de mélancolie, de rêverie et de tristesse, le vocable est quasiment intraduisible, mais c'est avec saudade qu'une majorité de Brésiliens se rendra aux urnes, dimanche prochain, pour élire leur prochain président de la République. Pour la première fois depuis le retour au suffrage universel, en 1989 - après vingt ans de dictature militaire -, le nom de Luiz Inácio Lula da Silva ne figurera pas sur les bulletins de vote. Paradoxalement, son absence va encore accroître la cote de l'actuel président qui termine son séjour au palais du Planalto, à Brasília, avec une popularité jamais égalée (plus de 80 %).
Acteur incontournable de la vie politique brésilienne depuis trente-cinq ans, il a réussi à s’identifier si intimement au Brésil des humbles et des déshérités, à faire passer dans les esprits ses réformes économiques et sociales, à peaufiner l’image de grande puissance de son pays, qu’il est devenu la référence de tous les dirigeants d’Amérique latine. En 1978, quand l’ancien syndicaliste défie la dictature militaire en appelant à la grève les métallos de São Paulo, les Brésiliens comprennent très vite qu’un leader est né. Mais qui aurait pu prédire une telle métamorphose ?
L'ancien pourfendeur du capitalisme suscite aujourd'hui la plus grande confiance des patrons ; le catholique «à sa manière» reste le politicien le plus apprécié des catholiques, mais aussi d'une grande partie des évangélistes, de plus en plus nombreu