Menu
Libération
Interview

Amadou Toumani Touré : «Mon pays, le Mali, est otage et victime»

Article réservé aux abonnés
Le président Amadou Toumani Touré répond aux critiques sur son manque d’implication dans la lutte antiterroriste :
publié le 1er octobre 2010 à 0h00

Le président malien, Amadou Toumani Touré, surnommé «ATT», préconise depuis quatre ans, en vain, un front régional qui comprendrait l’Algérie, pour lutter contre Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi). Son pays se retrouve, une fois de plus, au cœur des négociations pour la libération d’otages occidentaux.

Craignez-vous qu’avec Aqmi l’image de votre pays soit entachée parce qu’il ne paraît pas déployer tous les efforts pour lutter contre les terroristes ?

Pas du tout ! Je le répète, mon pays est otage et victime. Ces gens ne sont pas Maliens. Ils sont venus du Maghreb avec des idées que nous ne connaissons pas. Notre islam, depuis le IXe siècle, est ouvert et tolérant. Il tient la personne humaine pour sacrée et inviolable. On nous fait un faux procès. En réalité, nous partageons avec nos voisins un territoire commun, le Sahel, qui couvre plus de 4 millions de kilomètres carrés, avec des menaces transfrontalières. Nous sommes, sur le plan géographique, au centre du dispositif : la partie désertique du Mali couvre 650 000 km2, un espace aussi vaste que la France. Nous devenons un pays de transit, confrontés à une histoire qui ne nous regarde pas. Le salafisme exacerbé n'est pas malien, il est maghrébin. C'est facile de dire que tout se passe au Nord-Mali. Mais le Nord-Mali, c'est aussi le sud de l'Algérie, l'est de la Mauritanie et l'ouest du Niger !

Le Mali est souvent décrit comme un ventre mou dans la lutte antiterroriste. Pourquoi ?

Nous avons déjà tenté la solution militaire, et nous l’avons estompée depuis dix mois. Nous sommes face à de petits groupes disséminés. Vous pouvez passer des mois à leur courir derrière, avec un nombre très important de victimes. En deux ans, nous avons perdu