«Avec Mao, la Chine a appris à se tenir debout, avec Deng à s'enrichir, et avec Jiang Zemin à être puissante.» Cette trilogie présentée par un dignitaire du régime se veut le résumé de cinquante ans d'histoire de la République populaire. Elle a le triple avantage de donner une image de continuité entre des périodes et des hommes qui ont suivi des politiques opposées, d'éviter de poser des questions sur les zones d'ombre de ce demi-siècle, comme le sanglant «bond en avant» de Mao, qui a fait des dizaines de millions de morts dans les années 50, et surtout, aujourd'hui, de tailler une cote sur mesure au président Jiang Zemin, troisième «timonier» d'une Chine qui décolle.
Chambardement. La République populaire présente, à l'heure de ses 50 ans, un double visage en apparence contradictoire. Au sommet, l'un des derniers régimes communistes de la planète prône la stabilité, en gérant son évolution politique à l'allure d'un escargot, et sans prendre de gants. A l'intérieur du pays, l'économie et la société vivent le plus grand chambardement qu'un gouvernement puisse imaginer, et cependant encouragé par le régime lui-même. Il s'agit de l'émergence d'une économie qui emprunte beaucoup au capitalisme le plus sauvage, rebaptisé ici du doux nom d'«économie socialiste de marché», qui permet une véritable révolution de la société, laquelle donne plus de droits à l'individu, sauf un… celui de contester le régime.
Ce découplage de la politique et de l’économ