Sous les apparences fragiles d’un corps malmené par les maladies tropicales, Marina Silva (Parti vert) laisse transparaître une détermination qui l’a propulsée, dimanche, au rang d’arbitre de la présidentielle brésilienne dont le second tour aura lieu le 31 octobre. Cette métisse chétive aux yeux cernés par la fatigue des meetings de campagne a réussi l’exploit de regrouper près de 20 % des voix (19,6 millions d’électeurs) sur son nom. Elle a surtout infligé un sérieux camouflet à Dilma Rousseff, la candidate du Parti des travailleurs (PT, au pouvoir) façonnée par le très populaire président Lula, que les sondages unanimes donnaient victorieuse au premier round. Le report des voix capitalisées par Silva livrera les clés du palais présidentiel à Rousseff, qui reste hyperfavorite, forte de ses 46,9% de suffrages, ou au candidat de l’opposition, le social-démocrate José Serra (32,61%).
Paludisme. A 52 ans, Marina Silva, a une trajectoire personnelle qui se calque étonnamment sur celle de Luiz Inácio «Lula» da Silva, le syndicaliste miséreux devenu président, dont le second mandat s'achève à la fin de l'année. Née en février 1958 dans une famille nombreuse de l'Etat d'Acre (Amazonie), elle est très tôt contrainte de devenir seringuera (récolteuse de latex sur les hévéas) en pleine jungle, comme son père. Elle y attrapera le paludisme, l'hépatite et la leishmaniose, une maladie parasitaire. Orpheline à 14 ans, elle doit quitter la jungle pour Rio Branco,