Des images d'où émane une douleur à vif, celle de la République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre). Depuis 1996, cette ancienne colonie belge de 68 millions d'habitants a été le théâtre de deux guerres, liées à la traque par le Rwanda des miliciens hutus et des ex-FAR (Forces armées rwandaises) qui avaient participé au génocide des Tutsis en 1994. Bilan, selon les sources : de 3 à 5 millions de morts. Cédric Gerbehaye a sillonné cet immense Congo, grand comme la moitié de l'Europe, des collines du Kivu où se déroule toujours une guerre civile larvée, aux mines du Katanga. Ses reportages sont l'objet d'un livre, un «essai photographique»,Congo in Limbo (éditions du Bec-en-l'air, 2010). Entretien, à Paris, avant son départ pour le Soudan, où il a fait son dernier reportage.
Traumatisme. «Le Congo, c'est plus un traumatisme qu'une douleur. Dans l'ancien pays de Mobutu, c'est mal vu de photographier, comme si c'était une forme de délation. Le photographe est hélé, sifflé. Les services de renseignements et la police arrêtent celui qui se trouve derrière l'appareil. Il y a toujours ce doute sur ce que le photographe fait vraiment.
Regards. «Je suis rentré de mes premiers reportages, en juin 2007, en me disant "plus jamais". C'était trop dur de travailler en RDC. Je venais de passer sept semaines sur place avec le sentiment de n'avoir rien obtenu, rien réussi, rien raconté. Ensuite, j'ai vu les regards, sur les planches-contacts.