La belle Lisbonne, la ville aux sept collines surplombant majestueusement le Tage, s'enfonce dans une dangereuse décadence. En visitant les pittoresques quartiers comme Chiado, Alcantara, Graça, Baixa ou Alfama, le touriste attentif constatera qu'une bonne partie de la capitale portugaise est dans un état de délabrement avancé. Sur les 55 000 édifices, plus de 4 000 sont abandonnés. La situation est assez grave pour que la municipalité tire la sonnette d'alarme. «Lisbonne risque de se transmuer en une ville déserte !» s'écrie Helena Roseta, chargée de l'urbanisme. En descendant l'avenue de la Libertad, l'impression est souvent trompeuse : monumentalité, magasins de luxe, banques, hôtels de standing, bâtiments historiques restaurés… Mais, dans l'intervalle, c'est une enfilade de bâtiments insalubres, aux cages d'escaliers lépreuses, où les azulejos (carreaux de faïence) ne font que masquer l'abandon.
Les statistiques corroborent l’alarmisme des autorités. Lisbonne est, au sein de l’UE, la ville qui a le plus perdu de ses forces vives depuis 1999. Le phénomène est en réalité plus ancien : en trois décennies, la cité de Pessoa a subi une saignée de 300 000 personnes. Un quart des habitants y ont plus de 65 ans, autre record européen. En cause, tout d’abord, la faiblesse et la mauvaise qualité des équipements, écoles, centres de santé, crèches. Ensuite et surtout, le prix du mètre carré, deux à trois fois plus élevé que dans les villes périphériques. Dans le nord du pays