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Affront impérial pour Pékin

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Malgré les intimidations de la Chine, le comité norvégien a attribué le Nobel de la paix à Liu Xiaobo, condamné à onze ans de prison pour «subversion».
publié le 9 octobre 2010 à 0h00
(mis à jour le 9 octobre 2010 à 9h43)

Au fond de sa prison, dans la lointaine province du Liaoning où il purge une peine de onze ans pour «subversion», Liu Xiaobo ne sait toujours pas qu'on lui a décerné, vendredi, le prix Nobel de la paix. Rares sont également les Chinois au courant de la nouvelle, celle-ci ayant été censurée. «Accorder ce prix Nobel à cette personne est une obscénité», s'est emporté un porte-parole du gouvernement chinois en évitant soigneusement de prononcer le nom du «criminel». Pékin avait pris des mesures préventives, et dépêché un vice-ministre à Oslo pour menacer la Norvège de «conséquences graves» si l'écrivain de 54 ans était désigné. Une démarche qui semble avoir eu l'effet inverse.

Libération. Le comité Nobel norvégien a salué «la longue lutte non violente pour les droits fondamentaux en Chine» menée par Liu Xiaobo, qui a pris une part active dans le mouvement de Tiananmen en 1989 et lancé en 2008, année des Jeux olympiques, un manifeste prodémocratique, la Charte 08, qui a recueilli des milliers de signatures (lire ci-contre). Le jour de Noël 2009, un tribunal l'a condamné à sa lourde peine : onze années de prison. «En décidant cela, le Parti communiste chinois a fait une énorme erreur, analyse le sinologue australien Geremie Barmé. Il doit aujourd'hui s'en mordre les doigts, car ce prix Nobel confère à Liu Xiaobo une autorité morale incomparable.»

De nombreuses personnalités, dont le président américain,