La Chine est un pays de paradoxes. Le Parti communiste au pouvoir a qualifié vendredi d'«obscénité» l'octroi du Nobel de la paix au dissident Liu Xiaobo, emprisonné pour avoir plaidé pour la démocratie. Cinq jours plus tôt dans une interview à la chaîne américaine CNN, le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, plaidait pourtant, lui aussi, pour la démocratie, appelant ouvertement à la liberté de parole, à l'abandon du rôle dirigeant du parti et, à demi-mots, à l'adoption du multipartisme dans le pays.
«Paradoxalement, constate le sinologue australien Geremie Barmé, les propos du Premier ministre chinois ne sont pas très différents de ceux qui ont valu onze ans de prison au dissident Liu Xiaobo.» Le Premier ministre s'était déjà distingué cet été en appelant à des «réformes politiques», sans toutefois en définir le contenu. Dimanche dernier, il est allé beaucoup plus loin. «Je crois que la liberté de parole est indispensable pour tous les pays, les pays développés comme les pays en développement. La liberté de parole est d'ailleurs dans la Constitution chinoise, […] le désir et le besoin de démocratie du peuple chinois sont irrésistibles», dit-il en réponse à une question du journaliste de CNN, Fareed Zakaria, qui lui demande de préciser ce qu'il entend par «réformes politiques».«J'ai profondément réfléchi à la question, ajoute sereinement Wen Jiabao. Mon opinion est qu'un parti politique, une fois qu'il est au