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Libération

Un hebdo marocain asphyxié par le pouvoir

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publié le 9 octobre 2010 à 0h00

Un hebdomadaire en arabe, provocateur et rafraîchissant, un magazine qui n'a pas peur critiquer au Maroc ? Ne cherchez plus. Depuis vendredi, l'hebdo arabophone Nichane a disparu des kiosques. Ruiné. Accablé par 900 000 euros de dettes, le journal a dû fermer, selon son directeur Ahmed Benchemsi, victime d'un boycott publicitaire de plus en plus virulent. «Economiquement ce n'était plus tenable, explique Benchemsi à Libération. On a perdu 77% de nos recettes publicitaires en deux ans, ce n'était plus possible.» Pourtant avec 20 000 exemplaires vendus par semaine, l'hebdomadaire en arabe le plus lu du Maroc avait de quoi attirer des annonceurs potentiels. Que s'est-il passé ?

Pour Benchemsi, Nichane a payé pour sa ligne éditoriale indépendante et «souvent critique à l'égard du pouvoir marocain». Résultat : les grandes entreprises étatiques ou proches du pouvoir ont systématiquement refusé d'acheter des espaces publicitaires. Bien sûr, ce boycott pour des raisons politiques est impossible à prouver. «Mais quand systématiquement on répond à nos commerciaux : "Laissez tomber nous ne passerons pas de pub, nous avons des instructions", c'est clair, non ?» commente Benchemsi, désabusé.

Le boycott se serait renforcé ces douze derniers mois, depuis la publication - et la censure - fin août 2009 d'un sondage plébiscitant le roi Mohammed VI. C'était le premier de l'histoire du pays. Il a été vécu comme un crime de lèse-majest