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Libération

La démocratie ne profite pas à la paix au Kirghizistan

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Asie centrale . Au terme d’un scrutin exemplaire, les nationalistes ont devancé les candidats modérés du gouvernement intérimaire.
publié le 12 octobre 2010 à 0h00

«Ce sont les élections les plus démocratiques que j'ai vues en Asie centrale depuis vingt ans», s'enthousiasmait hier Morten Hoglund, chef de la mission d'observation de l'OSCE à Bichkek. Si le Kirghizistan a gagné son pari démocratique, il n'en a pas pour autant fini avec la crise politique : cinq partis seulement ont passé la barre des 5% nécessaires à leur entrée au Parlement, et ceci avec des scores qui oscillent entre 5% et 9%, loin donc de toute majorité. Enfin, seuls 56% des électeurs kirghiz sont venus voter dimanche.

Les grands perdants sont les partis dirigés par les membres du gouvernement intérimaire, qui n’obtiennent pas les scores escomptés. En effet, ce sont les nationalistes d’Ata-Jurt, un parti d’opposition composé de proches de l’ancien président Kourmanbek Bakiev, qui arrivent en tête. Bakiev, réfugié en Biélorussie, a été chassé du pouvoir par la rue, début avril, dans des affrontements qui ont fait 87 morts. Ata-Jurt dépasse de 20 000 voix le SDPK, parti de l’actuelle présidente, Rosa Otounbaïeva, et bat largement le favori du scrutin, le parti Ata-Meken, relégué au bas du podium.

«Personne ne s'y attendait», confirme Dinara Ochourakhounova, représentante de la société civile en charge de l'observation des élections. Ata-Jurt surfe sur les difficultés récentes du pays, notamment le conflit ethnique du mois de juin dans le sud du pays. Ses responsables n'ont cessé d'attiser la peur et la haine, stigmatisant grossièrement la minorité ouzbè