Mercredi 29 septembre, j'avais du mal à trouver les mots convenables pour la chronique que je tiens à Nichane depuis le lancement de cet hebdomadaire en 2006. Les sanctions ont eu raison de nous, l'autocensure a fini par triompher. Au lieu de commenter l'actualité politique, j'ai décidé de contourner le blocage en le confessant au lecteur : «Je ne sais pas comment l'expliquer, ces derniers jours, mais une appréhension terrible noue mes entrailles, quand je commence à écrire. Afin de me soulager, permettez-moi de rayer quelques mots de mon vocabulaire : le makhzen (1), le palais, le drapeau, l'article 19 (2)…». Je ne savais pas que j'étais entrain de rendre ma dernière chronique.
Nichane, premier magazine arabophone au Maroc, a jeté l'éponge, fragilisé par un boycott publicitaire systématique, instigué par le premier cercle du pouvoir. Sale temps pour les journaux marocains qui tombent, l'un après l'autre, comme un château de cartes. Le triste sort de Nichane rappelle celui du Journal hebdomadaire, contraint à mettre la clé sous la porte en janvier 2010 après un long processus d'asphyxie financière, orchestré par ces mêmes hommes qui font la pluie et le beau temps dans le royaume. Depuis la publication d'un sondage sur le roi Mohamed VI en août 2009, en association avec son homologue francophone Telquel et le Monde, Nichane est devenu infréquentable pour l'ensemble des annonceurs. Malgré les 20 000 exempla