Le 29 septembre 2005 était adoptée par référendum la «Charte pour la paix et la réconciliation nationale» qui devait sortir définitivement l’Algérie de la crise qu’elle traversait depuis plus d’une décennie. La Charte a été présentée comme l’unique solution pour ramener la paix et ceux qui s’opposaient à une nouvelle amnistie des groupes armés islamistes et à l’impunité des agents de l’Etat étaient désignés comme ennemis de la paix. Cinq ans plus tard, la paix promise par les promoteurs de la Charte n’est pas complètement revenue. Même si le niveau de violence est sans commune mesure avec celui des années 90, toutes les semaines des attentats ont lieu et les tensions sociales sont indéniables. L’état d’urgence, décrété en 1992, est maintenu en violation flagrante de la Constitution. Il est utilisé pour entraver l’exercice des libertés publiques et les victimes de la décennie noire en savent quelque chose.
Depuis le 4 août dernier, le rassemblement hebdomadaire que les familles de plus de 8 000 disparus du fait des agents de l’Etat ont arraché, à force d’obstination et au prix de nombreux matraquages policiers, est violemment dispersé par la police. Les familles de disparus qui dénoncent la Charte et le déni de leurs droits sont une tache sur la façade factice d’un pays que les autorités veulent présenter en paix avec lui-même.
Si les victimes ont pour elles la légitimité de leurs revendications, elles ont contre elles l'état d'urgence et des pratiques liberticides auxquelles s