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Libération
Analyse

Silvio Berlusconi, l’homme qui rit

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par Marie-Anne Matard-Bonucci, Professeur d’histoire contemporaine à Grenoble-II
publié le 15 octobre 2010 à 0h00

Etrange démocratie que l'Italie où s'invente aujourd'hui, pour paraphraser Tocqueville, la tyrannie du rire. Gouverner, c'est plaisanter. Depuis qu'il est aux commandes, Silvio Berlusconi érige le rire en vertu politique. Dans la péninsule comme à l'étranger, ses plaisanteries ponctuent régulièrement ses apparitions. Accueillies avec incrédulité dans les enceintes internationales, elles remportent un succès certain parmi ses partisans et clôturent désormais chaque rencontre militante. Silvio Berlusconi ne s'est-il pas vanté de collectionner les histoires drôles(barzelette), comme les femmes, au rythme d'une par jour.

Programmées et souvent répétées moyennant quelques variantes, les blagues de Berlusconi sont tout sauf anodines, ne s'interdisant aucun registre. L'anticommunisme, une obsession, mais aussi le racisme : on se souvient de la boutade sur Obama «jeune beau et bronzé». Ou encore le sexisme : on ne compte plus les plaisanteries machistes, la dernière en date prenant pour cible le physique d'une opposante. Sans négliger l'antisémitisme : le 29 septembre, s'adressant à des sympathisants, il recycle une plaisanterie déjà racontée il y a un an et passée inaperçue : «Un Juif raconte à un parent l'histoire suivante :

- A l’époque des camps de concentration, l’un des nôtres vint me trouver pour se cacher. Nous l’avons accueilli moyennant une pension.

- Ah ! Combien ?

- 3 000 euros.

- Par mois ?

- Non, par jour.