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portrait

Son père aux fers

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Sonia Terhzaz. Cette Franco-Marocaine de 27 ans se bat pour la liberté de son père, haut gradé emprisonné au Maroc.
publié le 18 octobre 2010 à 0h00

Comment se dit Electre en marocain ? Faute d'équivalent arabe connu à l'héroïne grecque, gardienne inflexible de la mémoire de son père, on optera pour Sonia, prénom de la fille du colonel major Terhzaz. Ce haut gradé à la retraite, embastillé à la prison de Rabat-Salé, est en passe de devenir l'Oufkir de Mohammed VI. Quoique la comparaison avec le général félon de Hassan II soit largement indue. Le colonel major Kaddour Terhzaz, 73 ans, n'a jamais tenté de prendre le pouvoir par un coup d'Etat, tout juste a-t-il écrit une lettre au jeune roi dans laquelle il s'émouvait de l'abandon des anciens combattants marocains de retour au pays après des années de détention dans les camps du Front Polisario. Une phrase anodine mettant en cause le mauvais équipement des avions de combat marocains lors de la guerre du Sahara occidental, dans les années 70, lui a valu une lourde condamnation par un tribunal militaire pour «atteinte à la sécurité de l'Etat» au terme d'une parodie de procès : douze ans de prison, qu'il purge depuis son arrestation le 9 novembre 2008. Quant à sa fille Sonia, 27 ans, la comparaison avec Electre est un peu forcée aussi : l'exigence de vérité oui, mais pas la soif de vengeance. Pas encore.

En deux ans, Sonia Terhzaz a vieilli de vingt ans. Elle était, de son propre aveu, une «privilégiée». Fille du numéro deux de l'armée de l'air marocaine et d'une enseignante française, choyée comme les petites dernières qu'on n'attendait plus, la scolarité à