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Immigration : Merkel vire sa «Multikulti»

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En reprenant les thèmes contre le multiculturalisme, la chancelière allemande veut contenir son aile droite.
La chancelière allemande Angela Merkel à son retour à Berlin après un voyage en Roumanie, le 12 octobre 2010 (AFP Odd Andersen)
publié le 20 octobre 2010 à 0h00

Le débat hystérique sur la place de l'islam en Allemagne et sur l'intégration des étrangers continue à faire des vagues outre-Rhin. Pour calmer la dérive populiste de certains responsables conservateurs qui veulent limiter «l'immigration massive» turque et arabe, Angela Merkel a durci le ton. Elle a décrété la mort du «multiculturalisme» (lire également p. 19), un projet de société, associé à la gauche, où les cultures cohabiteraient pacifiquement. La chancelière n'a pu que garantir aux ultras le primat de la culture allemande en Allemagne. Elle sait en effet que son pays, pour des raisons économiques et démographiques, ne peut se passer des immigrés, quelle que soit leur origine.

«Fourre-tout». La publication récente de statistiques officielles confirme les positions de la chancelière et montre que la thèse selon laquelle l'Allemagne fait face à une «immigration massive» est fausse. En 2009, l'Allemagne a enregistré 721 000 arrivées, principalement des Polonais et des Roumains, contre 734 000 départs, soit un solde négatif de 13 000 personnes (56 000 en 2008). «Mme Merkel a pris la mesure du danger. Elle essaye de prendre le contrôle du débat et de réunir une aile droite bavaroise qui a peur de voir apparaître un parti populiste concurrent, comme c'est le cas en France avec l'UMP et le Front national, et une aile plus modérée et libérale», explique Henrik Uterwedde, directeur adjoint de l'institut franco-alleman