Menu
Libération

Le crime sordide qui passionne les téléspectateurs italiens

Article réservé aux abonnés
par Eric Jozsef, Rome, de notre correspondant
publié le 20 octobre 2010 à 0h00

La plupart attendent la fin des matchs du calcio («foot»), dans la soirée. Mais pour avoir les meilleures places et jouir du spectacle de la villa déserte, silencieuse et sinistre, mieux vaut arriver juste après le déjeuner. Petite ville des Pouilles, Avetrana est devenue un lieu de pèlerinage du dimanche pour nombre de curieux italiens. Les enfants sur les épaules, armés d'appareils photos, les voyeurs s'agglutinent devant les grilles de cette banale maison d'un agriculteur local, Michele Misseri, soupçonné d'avoir étranglé Sarah Scazzi, sa nièce de 15 ans, dans le garage adjacent.

Inquiètes de ce macabre engouement populaire, les forces de l’ordre ont dû intervenir pour tenter de faire reculer les badauds au milieu des équipes de télévision et des journalistes. Le sordide fait divers d’Avetrana s’est transformé en happening médiatique glauque et incessant, fascinant une opinion italienne habituée aux enquêtes policières transformées en feuilletons télévisés.

Les recherches de l’adolescente disparue le 26 août avaient donné lieu à de très nombreuses émissions faisant défiler, des jours durant, la famille, les amis, Sabrina la cousine et l’oncle Michele. Le 7 octobre, c’est en direct lors d’une émission de télé-réalité que la mère, pétrifiée, a appris la mort de sa fille provoquant une première vague de questionnements sur l’attitude des médias. Mais le cirque s’est poursuivi. Chacun élaborait sa propre hypothèse sur les mobiles du meurtre et les éventuels complices d