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Libération
Interview

«Un changement de société majeur pour Berlin et La Haye»

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Christophe De Voogd, historien, explique comment les droites utilisent les peurs identitaires pour placer l’immigration au centre des débats en Europe :
publié le 20 octobre 2010 à 0h00

Christophe de Voogd, agrégé d'histoire et enseignant à Sciences-Po Paris, a écrit en mai la Tentation populiste aux Pays-Bas, publié par la Fondation pour l'innovation politique.

En quoi le débat actuel sur l’immigration en Allemagne est-il révélateur ?

Il ne faut pas être un grand savant pour voir qu’il s’agit d’un phénomène transeuropéen. Mais en Allemagne, la mobilisation se fait au sein des partis traditionnels, alors qu’aux Pays-Bas, en Autriche et en Suède, elle passe plutôt par de nouvelles formations, même si le débat contamine tous les partis. En Allemagne, il n’existe pas de nouveau leader politique qui se soit emparé de la question. C’est sans doute lié à un tabou allemand sur l’extrême droite.

Le populisme représente-t-il une menace sérieuse en Scandinavie ?

Non, les sociétés scandinaves sont plus stables, elles ont moins de problèmes économiques. Le populisme dans ces pays n’ira pas loin. Les sociétés allemande et néerlandaise, en revanche, ont connu avec l’immigration un changement majeur sur une période de vingt-cinq ans.

Aux Pays-Bas, le débat ne porte-t-il pas plus sur l’islam que sur l’intégration ?

On mesure mal en France à quel point les attentats du 11 Septembre ont marqué les Pays-Bas. Ce pays, où le sentiment anti-américain n’existe pas, est plus proche des Etats-Unis sur le plan culturel et historique, à cause du protestantisme et de l’émigration néerlandaise. Du point de vue néerlandais, le 11 Septembre a porté atteinte à des proches. D’où l’essor du populiste de droite Pim Fortuyn, en 2002, dans un paysage politique qui s’est transfiguré en six mois. Le second choc s’est produit en 2004 avec l’assassinat du cinéaste Theo van Gogh. L’assassin, un extrémiste d’ori