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Libération

Roms : Paris étouffe la querelle avec Bruxelles

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En changeant sa loi, la France échappe aux remontrances. L’UE et le Conseil de l’Europe lancent un plan en faveur des Roms.
par Marc Semo et Jean Quatremer, BRUXELLES (UE), de notre correspondant
publié le 21 octobre 2010 à 0h00

«La France a levé le drapeau blanc», a estimé, visiblement satisfaite, Viviane Reding, la commissaire chargée de la Justice et des Droits des citoyens. La France s'étant engagée à modifier sa loi pour que les droits des Européens expulsés du territoire français, et notamment ceux des Roms bulgares et roumains, soient davantage respectés, la Commission a décidé, mardi, de ne pas la poursuivre devant la Cour de justice européenne. «Si la France s'est engagée à modifier sa législation, cela veut dire qu'elle était en tort, analyse-t-on à la Commission. Elle sait qu'il n'y a pas eu d'examens individuels de la situation des Roms reconduits à la frontière.»

Il s'agit là de l'épilogue d'un bras de fer entamé cet été entre la Commission et Paris à propos des expulsions de Roms, jugées à la fois discriminatoires et expéditives. S'il y a dans la plupart des pays membres des expulsions de Roms bulgares et roumains (lire page suivante), la France a été la seule nation où une telle politique systématique semblait viser spécifiquement cette communauté. Ainsi, une circulaire du ministère de l'Intérieur ordonnait, le 5 août, aux préfets l'évacuation de 300 campements illégaux, «en priorité ceux des Roms». Pourtant, le nombre des Roms non-français vivant dans l'Hexagone ne dépasse pas les 15 000.

Preuves. Le 29 septembre, la Commission avait déjà renoncé à poursuivre Paris pour «discrimination ethnique», faute de preuves suffisantes que cett