Ranjana Sonawane, ouvrière agricole payée à la journée, est analphabète et ne dispose pas d'adresse permanente. Mais depuis la fin du mois de septembre, cette femme originaire d'un village du Maharashtra, dans l'ouest de l'Inde, a un «numéro d'identité unique» à douze chiffres qui lui permettra de s'identifier de manière formelle dans toutes les administrations. Une première dans un pays où la carte d'identité n'existent pas.
Fidèle à ses promesses électorales, le Parti du Congrès, au pouvoir à New Delhi, a en effet inauguré le programme Aadhaar, qui consiste à recenser un par un les 1,2 milliard de citoyens indiens au sein d'une même base de données. Un exercice logistique colossal, que le ministre de l'Intérieur, Palaniappan Chidambaram, a même qualifié de «plus gros travail de l'histoire de l'humanité». Profitant du recensement décennal en cours, les autorités prévoient d'attribuer 100 millions de numéros d'ici à avril, et 600 millions supplémentaires d'ici à 2014.
Le Premier ministre, Manmohan Singh, venu en personne distribuer les dix premiers numéros dans le village reculé de Ranjana, a décrit le lancement de la gigantesque opération comme un «moment particulier» pour le pays, insistant sur le fait que «cela va aider à renforcer les droits des opprimés et des plus pauvres, dont les femmes». En Inde, un nombre inconnu d'hommes et de femmes n'apparait nulle part dans les registres officiels. Ce qui les prive de tout accès aux services p