«La réforme des retraites n’est pas tant la raison de ces débordements et de ces mouvements de révolte que le catalyseur d’un mécontentement plus profond. Il y a sûrement en France la sensation d’assister au démantèlement de l’Etat providence. Or la France est un symbole de la couverture sociale et du système de protection étatique. Je crois que les gens se rebellent contre ce détricotage qui met en péril un édifice auquel ils sont très attachés.
«Cette indignation a un réel fondement : la population française, fidèle à une longue tradition de protestation de rue, trouve particulièrement injuste le fait que le système de protection sociale - c’est-à-dire leurs droits de citoyens - soit mis à mal du fait de cette crise économique, dont on sait qu’elle est bien plus le résultat des agissements erratiques des banquiers et des financiers que du poids excessif des dépenses publiques. Cette indignation pourrait se résumer en ces termes : pourquoi devons-nous payer les pots cassés d’une crise dont nous ne sommes pas les responsables ?
«La France est depuis longtemps la patrie de l'indignation. Cela paraît bien sûr étonnant que, dans cette colère collective, participent tant de jeunes. C'est ce caractère juvénile qui rend le mouvement difficile à contenir. Vu d'Espagne, la question des retraites surprend : chez vous, on parle d'un départ à la retraite à 62 ans, et ici à 67 ans ! Mais cette réforme est un surtout un détonateur. Un slogan résumé leur ras-le-bol : "Nous ne voulons pa