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Libération

«Une politique en zigzag»

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Italie . Luca Ricolfi, sociologue :
par Eric Jozsef, Rome, de notre correspondant
publié le 22 octobre 2010 à 0h00

«Il est curieux de voir que le gouvernement anglais adopte des coupes très sévères sans que cela provoque pour l’instant une violente réaction de l’opinion publique. A l’inverse, face à des mesures somme toute limitées, on observe en France une protestation radicale.

«Il existe en Europe deux gauches, l’une de type anglo-saxonne, qui essaie d’accompagner les évolutions, et une autre, en France comme en Italie, beaucoup plus conservatrice. Celle-ci ne veut pas voir que l’on ne se trouve plus dans une situation où on peut défendre les droits de certains sans trop pénaliser les autres. Il me semble que la gauche française est conservatrice dans un pays qui vit au-dessus de ses moyens. C’est la même chose en Italie, où l’on ne dit jamais qu’on est contre la réforme, mais contre ses modalités, alors que l’on admet en coulisses la nécessité de la mesure. D’un autre côté, la radicalisation dans des pays comme la France, l’Italie, l’Espagne s’explique parce que les classes dirigeantes mentent aux citoyens. Celles-ci ont tendance à rassurer, à ne pas vouloir effrayer leur opinion publique en expliquant clairement la gravité de la situation. Du coup, les citoyens ne comprennent pas pourquoi il faut faire des sacrifices.

«Au début des années 90, l’Italie a pu supporter des mesures de rééquilibrage très dures parce que l’opinion avait pris conscience de la catastrophe. Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy comme Silvio Berlusconi mènent une politique en zigzag. Ils ne sont pas à la hauteur de la s