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Libération

Celle qui se rêvait fille de Calamity

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Jean McCormick, morte en 1951, a clamé pendant des années être la descendante de la gâchette du Far West. Sa personnalité intrigue plus encore que son destin imaginaire.
publié le 23 octobre 2010 à 0h00

Une sépulture toute simple, à Billings dans le Montana. Sans le directeur du cimetière de Mountview, elle serait tombée en poussière, comme l’histoire de Jean McCormick, 1873-1951. Quarante ans après sa mort, le fonctionnaire lança une souscription auprès des derniers habitants qui se souvenaient de cette petite femme au visage triste qui vendait le récit de sa vie extraordinaire aux touristes. Sur un rectangle de marbre noir, on fit graver : «Jean H. McCormick, fille de "Calamity Jane" Canary et James Butler "Wild Bill Hickok"». Ceux qui passent à Mountview s’étonnent aujourd’hui d’une si modeste épitaphe pour celle qui se disait la fille naturelle de deux légendes de l’Ouest. Les autres ont oublié Jean Hickok McCormick.

Des coyotes, des Indiens et des recettes de cuisine

Le 6 mai 1941, jour de la fête des mères, une femme de 68 ans parle au micro de la radio CBS. Un mètre cinquante sous la toise, toute timide, Jean se présente comme la fille cachée de Calamity Jane, la pétroleuse de la ruée vers l’or. Sur ses genoux maigres, un vieil album de cuir râpé d’une cinquantaine de pages, présenté comme un journal, et des lettres écrites par Calamity pendant vingt-cinq ans, entre beuveries et attaques de Sioux.

Jean a extrait un passage daté de Deadwood (Dakota du Sud) en 1877, qu'elle lit d'une voix tremblante pour la populaire émission We the People («Nous les gens»). En 1877, Calamity Jane, 21 ans et donc encore au début de ses aventures, écrit à sa peti