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Libération
Reportage

Reddition spéciale à Ciudad Juárez

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Las d’être pris pour cible, le grand quotidien local a demandé aux cartels mexicains quoi écrire pour ne plus être attaqué.
publié le 25 octobre 2010 à 0h00

«Qu'attendez-vous de nous ?» C'est en ces termes que le quotidien mexicain El Diario de Juárez a demandé, le 19 septembre, une trêve aux cartels de la drogue afin qu'ils cessent d'assassiner ses journalistes. Depuis, un intense débat s'est ouvert au Mexique sur le traitement médiatique du narcotrafic, et en particulier sur l'impossibilité d'informer avec un flingue pointé sur la tempe.

Le Diario est le principal organe de presse qui rend compte des affrontements meurtriers entre cartels à Ciudad Juárez, ville frontalière avec les Etats-Unis. Mais le journal est également une victime de ce tourbillon de brutalité. L'assassinat, en novembre 2008, d'Armando Rodríguez, le journaliste en chargé des affaires judiciaires, n'a jamais été élucidé. Le 16 septembre 2010, jour de la fête nationale, c'était le photographe Luis Carlos Santiago qui était abattu par un commando armé.

«Expliquez-nous». Le dimanche 19 septembre, le Diario a donc laissé exploser son ras-le-bol et son désarroi dans un éditorial qui résonne comme un manifeste de l'autocensure et de la fin du journalisme à Ciudad Juárez. S'adressant à «Vous, Messieurs, issus des différentes organisations qui se disputent Ciudad Juárez… Vous qui, de facto, représentez les autorités dans cette ville, le journal écrit : Expliquez-nous ce que vous attendez de nous, ce que nous devons publier ou ne pas publier, afin que nous sachions à quoi nous en tenir. Ceci n'est pas u