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Libération
Enquête

L’Amérique prend ses quartiers

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Les Etats-Unis ont développé un réseau dans les banlieues françaises pour promouvoir l’image de leur pays.
Rokhaya Diallo, de l'association les Indivisibles. (Lionel Charrier.Myop)
publié le 26 octobre 2010 à 0h00

Le Who's Who des banlieues, le meilleur carnet d'adresses de la diversité, le réseau le plus pointu sur la France qui bouge ? Un seul nom : Randiane Peccoud. Son adresse ? Ambassade des Etats-Unis, place de la Concorde, Paris. Cette Française d'une cinquantaine d'années, réputée aussi énergique que sympathique, est l'indispensable cheville ouvrière de l'opération de séduction lancée par l'administration américaine en direction des banlieues et des Français d'origine étrangère.

Le cliché à la mode dans les élites françaises veut que les Etats-Unis draguent les banlieues. Généralement, c'est dit d'un air entendu, sans qu'on sache si le sous-texte cache un vieux fond antiaméricain ou s'il trahit une discrète admiration pour la capacité outre-Atlantique à détecter les trésors cachés de la France… Randiane Peccoud, qui se préfère en agent d'influence qu'en sujet d'enquête, a décliné notre demande d'interview. Mais Paul Patin, très affable porte-parole de l'ambassade, explique volontiers la politique suivie à Washington : «Jusqu'en 1989, la priorité de notre politique était la guerre froide. Depuis le 11 septembre 2001, elle est orientée vers le monde musulman. Nous voulons tisser des liens, jeter des ponts.»

serment. La France comptant la plus importante communauté musulmane d'Europe, elle fait donc naturellement l'objet d'une attention soutenue. «En fait, nous ne nous intéressons pas seulement aux musulmans, corrige Paul Patin, mais