A la ville comme à l'écran, Ray Griggs est un homme bien propre sur lui, cheveux blonds coupés courts et veste en velours sur chemise entrouverte mais pas trop. Celui que l'on appelle déjà «le Michael Moore de droite» n'a ni la gouaille ni l'exubérance du réalisateur de Fahrenheit 9/11. A 36 ans, il a l'air du type bien sous tous rapports et il en joue. «Je suis un Américain moyen», assure-t-il, faussement modeste, au début de son documentaire-événement I Want Your Money. Et il a presque les mêmes mots quand il reçoit les journalistes. «Je suis comme de nombreuses autres personnes autour de moi. Je m'inquiète pour notre pays et pour mes concitoyens. Alors je le fais savoir.»
Le moins qu'on puisse dire, c'est que Ray Griggs est efficace. Plusieurs semaines avant sa sortie, le 15 octobre aux Etats-Unis, I Want Your Money a suscité une folie sur Internet. La bande-annonce du film, dont Ray Griggs est à la fois le réalisateur et le héros-narrateur, a été visionnée par plus de 3,5 millions de personnes sur YouTube. Deux fois plus, par exemple, que The Social Network, le film sur Facebook et son créateur Mark Zuckerberg. Pamphlet contre «les dangers de la dérive socialiste» de Barack Obama, le documentaire s'est retrouvé illico sur les sites ultraconservateurs. Et Ray Griggs est devenu la nouvelle coqueluche des «Tea Parties», le mouvement populiste très à droite qui agite l'Amérique. «Allez voir c