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Enquête

Aqmi, un business à désert ouvert

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Enquête au Mali sur ces anciens bandits reconvertis dans un juteux jihad.
publié le 28 octobre 2010 à 0h00

Les prises d'otages occidentaux menées par ou pour Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) au Sahara, c'est aussi du business. Un business rentable. Les renseignements maliens estiment à 50 millions d'euros les montants versés dans le Nord-Mali entre 2003 et 2010, au rythme moyen de deux prises d'otages par an - un tempo qui s'accélère depuis deux ans. Selon un responsable de la police malienne, «des voyous sont en train de se spécialiser dans le rapt d'étrangers pour les revendre à Aqmi». Chaque Européen enlevé par des complices d'Al-Qaeda serait «revendu» aux terroristes pour des tarifs allant de 15 000 à 300 000 euros. Les ressortissants américains et britanniques ne sont pas visés, puisque leurs gouvernements refusent de payer des rançons. Les sommes versées par certains pays européens, en revanche, se comptent en millions d'euros. Elles sont livrées en billets de banque dont l'authenticité est minutieusement vérifiée par Aqmi.

Pluie d'argent. Le 23 août, deux otages espagnols ont été libérés en échange d'une forte rançon et de la libération «d'Omar le Sahraoui», un homme d'Aqmi de nationalité malienne, détenu en Mauritanie. Le quotidien espagnol El Mundo, citant un conseiller du gouvernement algérien, a évoqué un montant de 7 millions d'euros. Autrement dit, une pluie d'argent dans le désert et des zones de grande pauvreté où seules deux activités légales sont possibles : l'élevage ou le tourisme. Le magot, une fois reçu, serait caché très