Hedi Sellami, 52 ans, est directeur de recherches au Centre de géosciences de mines ParisTech.
«Imaginez un formidable gisement de pétrole en mer. Vous devrez, pour l’exploiter, traverser une tranche d’eau de 2 kilomètres, puis forer 7 km de sédiments. Comment faire au mieux, c’est-à-dire en réduisant au minimum les risques et les coûts ? C’est là une thématique centrale des recherches que je mène avec mon équipe. Les forages de plus 4 km de profondeur de sédiments sont de plus en plus fréquents. Alors qu’ils étaient marginaux dans les années 70, ils fournissent aujourd’hui plus du quart de la production pétrolière. Ils représentent donc une part de plus en plus importante des 120 000 forages réalisés chaque année dans le monde.
«La catastrophe survenue le 20 avril, lors du test du puits de BP dans le golfe du Mexique - à plus de 1 500 mètres sous l’eau, là où seuls des robots peuvent intervenir - nous a rappelé l’importance des risques liés à une perte du contrôle d’un tel forage.
«Au-delà de 6 000 mètres de sédiments, la pression des fluides dans le sous-sol dépasse mille fois la pression atmosphérique et leur température est de plus de 200° C. Cela pose une série de défis. Il faut découvrir des équipements résistant à ces conditions extrêmes, qu’il s’agisse d’électronique ou de matériaux. Des trépans capables de forer les roches profondes avec une vitesse d’avancement et une durée de vie acceptables : le remplacement de cette pièce, qui prend plusieurs jours, est extrêmement