Menu
Libération
Reportage

Avec «Ado», la Côte-d’Ivoire retrouve le Nord

Article réservé aux abonnés
Ecarté du scrutin en 2000 pour «nationalité douteuse», Alassane Ouattara, porté par les «nordistes», pourrait sortir en bonne position du premier tour de la présidentielle, qui a eu lieu hier.
Alassane Dramane Ouattara à la sortie du bureau de vote. (Reuters)
publié le 1er novembre 2010 à 0h00

Pas peu fier, Vakaba Fofana a franchi, hier matin, les portes du bureau de vote muni de sa nouvelle carte d’identité et de sa carte d’électeur. Après avoir présenté ses papiers, cet Ivoirien qui réside dans le quartier populaire d’Abobo, à Abidjan, s’est saisi du bulletin de vote où figurent les visages des 14 candidats à l’élection présidentielle, a trempé son index dans de l’encre indélébile, avant d’aller dans l’isoloir, un paravent sommaire, pour apposer son empreinte sous la photo de son choix. Ultime étape : il a glissé son bulletin plié en deux dans une urne transparente. A 31 ans, c’est la première fois qu’il accomplissait son devoir électoral. Comme des dizaines de milliers de jeunes originaires du nord du pays.

Rejet. En 2000, Vakaba avait préféré s'abstenir : son favori, l'ancien Premier ministre d'Houphouët-Boigny, Alassane Dramane Ouattara (alias «Ado»), avait été exclu du scrutin pour cause de «nationalité douteuse». Né en Côte-d'Ivoire, mais ayant disposé un temps d'un passeport du Burkina Faso, cet ancien cadre du FMI était considéré comme un étranger par le pouvoir en place, celui du général Robert Guéï. Cette fois, sous la pression internationale, Ouattara a été autorisé à concourir. Et à travers lui, c'est toute la population du Nord - environ 40% du pays - qui se sent réintégrée dans la communauté nationale après des années de rejet lié au concept nauséabond d'«ivoirité».

«Avant, je me sentais nordiste, aujourd'hui, je suis ivo