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Libération

Le cadavre de Franco empoisonne l’Espagne

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publié le 1er novembre 2010 à 0h00

Et si on déterrait la dépouille de Franco ? L'idée fait son chemin au sein du gouvernement de José Luis Zapatero, sous la pression des nombreuses associations qui estiment que l'actuel mausolée du Caudillo est une «insulte» à la mémoire des victimes de la guerre civile qui déchira l'Espagne entre 1936 et 1939. Le corps de l'ancien dictateur repose aujourd'hui au côté de José Antonio Primo de Rivera, le fondateur de la Phalange, dans la crypte du Valle de los Caídos, un gigantesque monument édifié à la gloire de l'ancien régime, à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest de Madrid. Du haut de cette structure de granit, au sommet d'un cirque montagneux, à l'architecture d'inspiration fasciste, on domine une partie du plateau castillan, et la vue embrasse entièrement la capitale. Le Valle de los Caídos («la vallée des tombés ») sert de sépulcre à 40 000 victimes de la guerre civile : des nacionales (franquistes) mais aussi des victimes républicaines, dont des milliers - réduits à un quasi-esclavage - ont construit l'ensemble monumental entre 1940 et 1958.

Le lieu est polémique depuis la transition démocratique : s’il s’agit d’une sépulture pour les victimes des deux camps de la guerre civile, pourquoi Franco y aurait-il sa place, lui qui est mort paisiblement dans son lit en 1975 ? Cette confusion est perçue comme d’autant plus inacceptable par la gauche que le site, lieu catholique géré par des bénédictins, n’est pas qu’une curiosité touristique aux 500 000