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Libération
EDITORIAL

Révolution culturelle

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publié le 3 novembre 2010 à 0h00

Il n'y aura pas de questions qui fâchent posées au président chinois en visite en France. Pas plus qu'il n'y en a eu dans l'interview publiée hier matin par le Figaro et qui ignore Liu Xiabo, le Prix Nobel de la Paix. On ne parlera que contrats, coopération, réacteurs nucléaires et Airbus. Oubliés, le dalaï-lama, les Tibétains et les dissidents. Sarkozy a fait sa révolution culturelle. Lui qui fait justement campagne avec son épouse pour que l'Iranienne Sakineh soit épargnée n'a même pas salué le prix Nobel de la Paix accordé au très modéré Liu Xiaobo. Les «sinoréalistes», comme ils aiment à s'appeler, ont gagné. Monsieur Hu est aussi «monsieur 2 000 milliards de dollars», le montant des réserves en devises de la Chine, qui lui assurent une influence sans pareil sur l'économie mondiale. La droite et les milieux d'affaires, comme le montre notre enquête, n'ont pas le monopole de cette sinophilie. Les socialistes versent aussi dans ce réalisme et cynisme économiques. Rappelons quand même que cet eldorado est aussi un concurrent déloyal qui ignore le droit des affaires tel qu'on l'entend en Occident et ferme les yeux sur la corruption et la contrefaçon. Quant à l'argument sur le relativisme culturel et les valeurs «asiatiques» agité par Pékin et ses thuriféraires, faut-il rappeler qu'il s'agit d'une invention de l'Occident colonisateur qui entendait refuser aux colonisés le privilège des valeurs universelles ? Il est paradoxal que ce soient les dirigeants chinoi