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Libération
TRIBUNE

Mikhaïl Khodorkovski est coupable d’avoir raison

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publié le 5 novembre 2010 à 0h00

Dernières réquisitions du procureur, dernières plaidoiries de la défense, le procès du «criminel» Khodorkovski et de son «complice» Platon Lebedev touche à sa fin. La sentence tombera le 15 décembre, le temps que les autorités du Kremlin s’entendent et décident. Les Russes ne sont pas dupes, à 40% (contre, 19%), ils savent le verdict concocté dans les «couloirs du pouvoir». L’ex-patron du géant pétrolier Ioukos, accusé surréalistiquement d’avoir «volé», à la barbe de tous, 20% de la production russe entre 1998 et 2003 (soit mesuré en tankers deux fois le tour de l’Equateur), est coupable. Forcément coupable. Le procureur, bonne pâte, a revu les chiffres du larcin à la baisse, sans explication, de 349 millions et des poussières à 218 millions de tonnes de pétrole dérobées. Croit-il ses comptes plus plausibles ?

Entre-temps, Kassianov (à l'époque des faits, Premier ministre), Kristenko (idem, vice-Premier ministre) Gref (idem, ministre du Développement), tous trois cités à la barre, déclarèrent qu'un détournement d'une telle ampleur est pure fabulation, il n'aurait pu leur échapper. Le procureur jongle avec ses barils imaginaires aussi miraculeux que les petits pains multipliés dans les Saintes Evangiles. «Merci au procureur qui fait la preuve de mon innocence, ironise le prévenu, une personne normalement constituée ne peut croire à tant d'absurdité.» L'entreprise est démantelée, joyeusement distribuée aux copains du Kremlin. Pourquoi l'ex-oligarque plumé, déj